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Évolution du commerce intracommunautaire de viande de porc entre 1999 et 2008 La France a manqué le coche

Sur la période 1999-2008, la physionomie du marché européen de la viande de porc a fortement changé : intégration de 12 nouveaux pays à l’Union européenne, constitution d’un bassin transfrontalier et montée en puissance de deux groupes européens, Vion et Danish Crown. Au sein de la zone, les flux d’échanges de viande porcine ont évolué que ce soit en volume ou en type de pièces échangées. Résumé de la situation.

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Depuis 1999, le marché européen de la viande de porc a profondément été modifié. Les raisons sont multiples : élargissement de l’UE, renforcement d’un bassin de production transfrontalier dans le nord de l’Europe (Danemark, Pays-Bas, Allemagne), développement du secteur privé avec l’apparition de groupes d’envergure européenne tels que Vion (Pays-Bas) et Danish Crown (Danemark). À partir des données douanières, FranceAgriMer a établi un état des lieux des évolutions constatées pendant cette période, en lien avec les stratégies des industriels.

Résultats : croissance des échanges, évolution de la nature des produits échangés et recomposition des circuits d’approvisionnement des principaux marchés d’importation. « À l’étroit chez eux, Vion et Danish Crown ont acquis des outils ou pris des participations dans plusieurs Etats membres », rappelait Yves Tregaro (FranceAgriMer) en février dernier, à l’occasion des 42e Jrp. Les opérateurs européens sont par ailleurs surveillés de près par des entreprises mondiales, à l’image de Mafrig et Perdigao (Brésil) ou de Smithfield Foods (Usa) qui lorgnent sur l’acquisition d’outils de transformation dans l’UE (Pays-Bas ; GB).

+5,3 % d’échanges communautaires par an

Première information : depuis 2000, les échanges intracommunautaires s’accroissent chaque année de 5,3 % en moyenne (4,6 millions de tonnes échangées en 2009, contre 2,9 Mt en 2000) et 80 % des volumes totaux vendus par les états membres (Graphique) au sein de l’UE.

Seconde information : les exportations vers les Pays Tiers sont très hétérogènes, fonctions de l’équilibre offre/demande du marché européen « et des décisions prises par la Commission européenne de mobiliser des outils de gestion du marché tels que le stockage privé et les restitutions ».
La conséquence de ces deux changements a été une évolution notable dans l’orientation des flux et dans la nature des produits échangés (lire ici), mais aussi dans la stratégie des pays producteurs (lire ici).
L’analyse des données douanières par FranceAgriMer montre ainsi que :

La France n’a donc pas su anticiper les évolutions du marché du porc en Europe contrairement à ses concurrents européens.

Déplacement vers l’Est et le Sud

« Le secteur de l’aval français est en retard », résumait Yves Tregaro qui précise que, par ailleurs, le Grand Ouest (Normandie, Bretagne, Pays de la Loire), « qui traite 72 % des abattages nationaux » semble s’éloigner à la fois « des zones de consommation de viandes fraîches », mais aussi de celles de traitement des viandes « destinées à la transformation (Pologne, Italie…) et des plates-formes d’exportation vers l’Europe de l’Est (vers la Russie, par camion avec un prépaiement) ».

En effet, depuis 2004, on note également que la demande européenne s’est déplacée « vers l’est de l’Europe » (Hongrie, Lituanie, Pologne, République Tchèque, Roumanie) et « vers le Sud » (Grèce). « En acquérant Nordfleisch en 2003 et Sudfleisch en 2005, Vion a peut-être pris un virage déterminant, bénéficiant ainsi de la position centrale de l’Allemagne au sein de l’UE à 25 et d’un coût de la main d’œuvre moins élevé, grâce à l’emploi de travailleurs moins rémunérés venus des Pays de l’Est, notamment de Pologne. »

Une option que pourrait suivre rapidement Danish Crown, qui s’interroge sur l’éventuel transfert de ses activités d’abattage et de découpe en Allemagne « pour bénéficier des mêmes avantages que son concurrent direct ». Si le marché intracommunautaire s’est développé, les exportations européennes vers les Pays Tiers tendent, elles, à se stabiliser. « Ceci est dû au renforcement de la concurrence nord (Etats-Unis, Canada) et sud-américaine (Brésil, Chili) sur les marchés d’importation (Japon, Russie…). »

Pour aller plus loin : http://www.ifip.asso.fr/.

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